Chaire "inégalités réduites"

Comment la recherche peut-elle nourrir davantage la société ? Comment les expérimentations sociales menées par les collectivités territoriales, l’État, les associations ou des collectifs citoyens peuvent-elles alimenter la production de connaissances scientifiques ? Ce sont ces questions classiques, mais d’une grande actualité, que nous cherchons à remettre sur le métier dans le cadre du Laboratoire ouvert Inspirons Demain (LID) et de la chaire "inégalités réduites". Il semble en effet exister une grande frustration chez les chercheur·es, qui ont le sentiment que leurs recherches ne sont pas toujours intégrées ou écoutées par les institutions — voire que les politiques publiques se font sans la prise en compte des connaissances de sciences sociales. À l’opposé, certains acteurs institutionnels ou associatifs voient toujours le monde scientifique comme une tour d’ivoire déconnectée des réalités du terrain, en dépit des appels croissants à développer la recherche participative. L’ambition de la chaire est de poser les bases d’un rapprochement et d’un dialogue, voire d’actions en commun.

Quelle meilleure question pour s’y atteler que celle des inégalités ? Un des sept objectifs de développement durable de l’ONU retenu par l’Université de Lille, la lutte contre les inégalités a également été repérée comme une des thématiques phares des publications des chercheur·es de l’Université de Lille, qui a choisi de lui consacrer une chaire, animée par notre laboratoire, le CERAPS. La lutte contre les inégalités demeure une question majeure pour la société française : alors que celles-ci se creusent, les politiques publiques semblent peiner à les freiner, voire contribuer à les reproduire. Comment affronter cet écueil démocratique fondamental et quel rôle les sciences sociales peuvent-elles jouer à cet égard ? Comment mieux prendre en compte, tant dans la production des connaissances que dans la fabrique de l’action publique, les sentiments d’injustice que génèrent ces inégalités ? Quelle place accorder aux premier·es concerné·es et aux victimes de ces inégalités et discriminations dans la démarche scientifique et la lutte contre les inégalités ? Autant de questions qui sont au cœur de nos travaux de la chaire.

Les inégalités sont plurielles — sociales, économiques, genrées, territoriales, ethno-raciales — et traversent tous les champs d’action publique — logement, santé, éducation, culture, transports, etc. S’intéresser aux inégalités c’est aussi affronter des enjeux politiques et sociaux centraux : la justice sociale, l’accès aux services publics, la transition écologique, la conflictualité sociale. C’est aussi s’interroger sur les politiques de lutte contre les inégalités et leurs effets, ainsi que sur les effets inégalitaires de certaines politiques publiques. Pour essayer de croiser ces différents enjeux en articulant les apports de la recherche et l’expérience d’acteurs du territoire, quatre thématiques prioritaires ont été retenues par le LID et la chaire : Inégalités et logement ; Inégalités environnementales ; Inégalités de santé ; Inégalités et éducation.

Nous en sommes convaincu·es : lutter contre les inégalités requiert une démarche résolument participative et interdisciplinaire, une prise en compte sérieuse des connaissances critiques produites par les sciences sociales.