Dans le sillage des campagnes #MeToo lancées en 2007, la globalisation et la diversification des mouvements féministes ont soulevé à nouveau avec force de nombreuses questions sur la place des femmes dans la société. Le monde académique, en particulier celui des sciences humaines et sociales, n’a pas échappé à ce questionnement, voire à cette remise en question. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles (VSS) à l’œuvre dans les milieux universitaires. En vue de les rendre visibles et de les prévenir, divers dispositifs – comme les missions Égalité ou les programmes visant à lutter contre les VSS – ont été mis en place au sein des établissements d’enseignement et de recherche.

Pourtant, et bien que celles et ceux qui le font vivre s’en défendent, le monde universitaire reste un monde construit majoritairement par et pour les hommes, où s’exercent encore et toujours des processus complexes de domination masculine. Il s’agit dans cet atelier non pas de révéler les actes les plus graves de violences faites aux femmes dans le milieu académique, ni même de revenir sur les perspectives intellectuelles ouvertes par les études sur le genre, mais plus simplement de traquer le sexisme ordinaire qui se niche dans nos pratiques et discours quotidiens, dans nos relations de travail et d’enseignement, et d’essayer d’en limiter les effets à défaut de les faire rapidement disparaître.

À cet effet, cet atelier vise à interroger ce qui entretient et parfois accentue les inégalités dans le monde académique, en vue de donner aux femmes mais aussi aux hommes les instruments qui permettent de construire des rapports plus égalitaires. Son but est ainsi à la fois d’établir un diagnostic du sexisme académique « ordinaire » et de trouver, à terme, les leviers à actionner pour sortir de pratiques professionnelles fondées sur une domination masculine. Comment (faire) prendre conscience des déséquilibres de parité et de représentation entre femmes et hommes observables dans notre milieu professionnel ? Dans quelle mesure ce phénomène se reflète-t-il dans les textes que nous lisons, écrivons, éditons ? Comment y remédier et à quelles fins ?

Sans nous limiter aux seules techniques d’écriture, au risque d’alimenter malgré nous un processus de gender-washing, nous réfléchirons ensemble à ce que nous voulons vraiment, aux moyens à mettre en œuvre pour y parvenir et à la manière d’enrôler dans cette tâche nos collègues, nos étudiant·es et notre lectorat.

Calendrier des séances
2022 - 2023

VENDREDI 20 JANVIER 2022
14h00 - 17h00
Au Ceraps en salle R3.48


Séance : "Comment traduire de façon non sexiste et sans trahir la pensée originale ?
Le cas de l'anglais et de l'espagnol"


Intervenantes
Isabelle MEURVILLE,
traductrice indépendante pour des organismes internationaux et créatrice du dictionnaire épicène Translature.
Carolina Camila GUTIERREZ RUIZ, docteure en science politique