Séminaire Internationalistes et anarchistes - Troisième séance : Lieux et espaces

Séminaire
R3.48

7 novembre 2024, à partir de 14h, salle R3.48

Avec Elena Mejias et Clifford Baverel

Elena Mejias, Du Chiapas aux milieux anarchistes européens : les lieux de la transnationalisation de la lutte Zapatiste 

Cette communication porte sur les influences du mouvement Zapatiste du Chiapas sur les milieux anarchistes européens (syndicats libertaires, Zones à défendre, squats et centres sociaux anarcho-autonomes, coopératives agricoles autogérées, etc.). Elle cherche à montrer la matérialité de la circulation transnationale des idées, symboles et pratiques en inscrivant ces transferts dans l’espace. Elle se basera tout d’abord sur l’étude ethnographique d’une rencontre transnationale, appelée le Voyage pour la vie, s'étant déroulée en 2021 entre une délégation d’environ 200 Zapatistes et aux alentours de 900 collectifs européens, dont une partie peut être rattachée aux courants anarchistes. Des entretiens avec des militant.es anarchistes en Europe ayant participé à l’accueil du Voyage pour la vie permettront également de retracer le rôle des déplacements humains dans ces circulations d’idées du Chiapas vers l’Europe. 

Présentation : Elena Mejias est doctorante en sociologie depuis 2021 à l’Université Paris Nanterre au laboratoire de l’Institut des Sciences sociales du Politique (ISP). Sa thèse porte sur les différentes réceptions du Voyage pour la vie des Zapatistes et du Congrès National Indigène (CNI) dans les milieux militants européens. Cette recherche vise à comprendre comment circulent des discours, pratiques et représentations liées à la lutte Zapatiste en Europe, et notamment quel est le rôle des rencontres transnationales dans ces échanges. Elle co-organise également un séminaire sur les “Lieux collectifs à usages mixtes” avec Coralie Douat (Labex PasP-ISP – Paris Nanterre) depuis 2024. En 2025, ce séminaire est réédité avec Thomas Caubet (ICT – Paris Cité), qui rejoint le comité d’organisation, et porte sur les “Circulations, appropriations, rejeux” dans les lieux collectifs et occupations.

Clifford Baverel Le mouvement Occupy : Expression anarchisante de l’anti-néolibéralisme des années 2010

Le mouvement Occupy s’est développé à l’automne 2011, d’abord à New York, sous la forme d’Occupy Wall Street, puis dans le reste du pays. Inspiré notamment par les thèses de l’anthropologue anarchiste David Graeber, le mouvement Occupy se structure autour d’un slogan aussi simple qu’efficace : We are the 99% (Nous sommes les 99%), exprimant une opposition forte à l’inégale répartition des richesses tant aux États-Unis qu’à l’international. Suivant l’exemple des manifestants qui se pressent pour occuper le parc Zuccotti à New York, de nombreux activistes organisent des campements un peu partout dans le pays. Si l’anarchisme semble avoir influencé nombre de ces réplications d’Occupy Wall Street, on observe une importante hétérogénéité en termes d’idéal politique, économique et social entre les participants. Cette hétérogénéité peut être perçue comme la conséquence de l’influence anarchiste sur ce mouvement, qui s’organise de façon décentralisée, non-hiérarchisée et non dogmatique. Le mouvement Occupy s’inscrit, par ailleurs, dans un ensemble de mouvements sociaux internationaux au début des années 2010 : les printemps arabes en Tunisie, Lybie, Égypte, Syrie et Yémen, les indignés en Espagne, le mouvement du parc Gezi en Turquie. Les réseaux sociaux servent alors de relais entre les différents campements du mouvement Occupy, mais également entre ces mouvements du début des années 2010. Cette intervention interroge la constitution du mouvement Occupy et de ses influences anarchistes ainsi que le développement de celui-ci grâce à l’échange d’informations, d’idées et de pratiques qui passe notamment par les réseaux sociaux.

Présentation : Clifford Baverel est maître de conférences en civilisation nord-américaine à l’université d’Angers. Ses recherches portent principalement sur l’étude du mouvement anarchiste et sur la notion de transformation sociale depuis la fin du XXe siècle, examinant des concepts tels que la préfiguration politique, l’utopie présentiste, la démocratie directe, l’individualisme postmoderne ou encore le localisme.


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