Séance 1 - Séminaire « Les transformations de l’Etat social : interprétations, déclinaisons sectorielles, résistances (1980-2020) »

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Séminaire en visio-conférence : lien donné dans le descriptif du séminaire

Séance séminaire : « Les transformations de l’Etat social : interprétations, déclinaisons sectorielles, résistances (1980-2020) »

Informations complètes sur ce séminaire : "ICI"

Si vous souhaitez assister et participer à ce séminaire en ligne, merci de nous adresser un message à l’adresse suivante : transformationsdeletatsocial@gmail.com

Co-organisation et co-animation : Fabien Desage (CERAPS), Clara Deville (CURAPP/CSO), Thomas Douniès (CURAPP), Hélène Lecocq (CERAPS)

Intervenant : Vincent Dubois
Vincent Dubois, sociologue et politiste, (SAGE, Université de Strasbourg)
présentera les résultats d'une recherche récente, avant parution prochaine de son livre : « Contrôler les assistés : retour sur une enquête »

Discutantes : Anne-Cécile Douillet (CERAPS) et Clara Deville (CURAPP/CSO)

Résumé
Un mot d’ordre s’est imposé à partir de la seconde moitié des années 1990 : contrôler les assistés. Selon cet impératif à la fois politique, gestionnaire et moral, il faut lutter contre les erreurs et les abus pour assurer une saine gestion des finances publiques, pour préserver le consentement à l’impôt et aux cotisations, pour corriger les déviances des bénéficiaires. Ce mot d’ordre est devenu un principe structurant : l’État social doit « maîtriser les risques » liés aux déclarations incomplètes ou fausses de ses allocataires, et inscrire cette nécessité dans son organisation. Cette structuration et les dispositifs de vérification, de surveillance et de sanction qui l’accompagnent fournissent à leur tour l’occasion et le moyen concret d’un rappel à l’ordre. Les assistés ont des droits mais aussi des devoirs, au premier rang desquels celui a minima de ne pas abuser de la solidarité dont ils bénéficient, et s’exposent à des sanctions s’ils ne s’en acquittent pas. Ce rappel à « la loi et l’ordre » remplit aussi des fonctions plus larges, en actualisant les normes sociales du travail et du civisme que transgresseraient les tricheurs, et en opposant sur cette base les contribuables laborieux aux assistés oisifs, les exclus victimes du système aux « profiteurs » responsables de sa crise.

Plus qu’une réponse à des problèmes objectifs préalablement identifiés et mesurés, reflétant la hiérarchie des menaces qui pèsent sur les finances publiques, l’imposition de ce mot d’ordre procède d’un ensemble de processus sociaux et politiques qui ont affecté les manières de voir les fractions précarisées des classes populaires, l’organisation et les pratiques de l’État social, ainsi que son rôle dans la régulation des rapports sociaux. Comment la nécessité d’un contrôle renforcé s’est-elle imposée ? Comment la « fraude sociale » a-t-elle été promue comme un problème public majeur dans le traitement des questions sociales ? Comment la routine bureaucratique du contrôle a-t-elle été transformée en une politique à part entière, progressivement renforcée et rationalisée ? Quels sont les ressorts du durcissement des pratiques d’inspection et de sanction ? Quels profils sociaux y sont les plus directement exposés ? C’est à ces questions que ce livre souhaite apporter des éléments de réponse.


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