Les transformations de l’Etat social - Activer les mères isolées. Le genre d'une politique sociale
Autres séminaires"Les transformations de l’État social : interprétations, déclinaisons sectorielles et résistances (1980 - 2020)"
Organisation : Clara Deville, Thomas Douniès et Fabien Desage
Invité
Lilian Lahieyte (Université de Rouen, Dysolab / CESSP),
Communication intitulée « Activer les mères isolées. Le genre d’une politique sociale à destination des classes populaires au prisme de l’ethnographie multi-située ». Le résumé de la communication figure ci-dessous.
Discutante
Gwenaëlle Perrier (Mcf en science politique, Université Sorbonne Paris Nord, LISE/CNAM)
Cette séance se tiendra dans les locaux du CERAPS, salle R348. Il est également possible d'y participer en distanciel (https://inrae-fr.zoom.us/j/6486421523)
Résumé de la communication :
Cette communication vise à présenter les apports d’une ethnographie multi-située, menée à la fois dans des services sociaux et auprès de populations destinataires, pour saisir le genre d’une politique sociale à destination des classes populaires. Il s’agit d’une part de reconstituer les logiques professionnelles de promotion d’une « norme d’activité féminine » (Serre, 2012) dans le cadre de la prise en charge institutionnelle de femmes élevant seules leurs enfants en percevant le Revenu de solidarité active. À travers le portrait croisé de trois travailleuses sociales et d’un travailleur social – deux collègues partageant un même bureau dans un service départemental spécialisé, deux autres partageant un même bureau dans un service polyvalent –, je propose de montrer les logiques biographiques du rapport aux femmes des classes populaires ainsi qu’aux dilemmes pratiques qui doivent être négociés dans les situations de travail. Si la norme selon laquelle il ne suffirait plus d’être « une maman », mais qu’il faudrait être aussi une « femme », semble largement partagée, les propensions à recourir aux sanctions prévues dans le cadre du RSA et à situer les comportements à faire évoluer du côté du public ou du côté de la hiérarchie varient socialement, selon une logique mise au jour par les entretiens ethnographiques. Dans un second temps, je propose de replacer la formation des rapports à l’emploi des allocataires dans la complexité de leurs situations (post-) conjugales, afin de mieux comprendre leur rapport à cette norme d’autonomie. Je m’appuie pour ce faire uniquement sur les relations ethnographiques suivies que j’ai pu développer, avec un couple hétérosexuel faisant un usage détourné du RSA (elle se déclare seule avec ses enfants pour percevoir l’allocation), ainsi qu’avec deux sœurs, sollicitant l’allocation à des moments très différents de leurs trajectoires. La présentation de ces deux terrains ethnographiques, qui n’ont pour l’instant pas fait l’objet de publication, permet de réfléchir de manière contextualisée à la place de l’État social dans la « formation du genre » (Skeggs, 2015), à la fois au sein des classes moyennes du public et des classes populaires urbaines précarisées.
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