"De la théologie de la libération à la « philanthropie basée sur la confiance » : l’itinéraire d’une fondation atypique" - Sylvain Lefèvre

Dans le cadre du projet DEMOCIS, nous aurons le plaisir d'accueillir Sylvain Lefèvre, professeur à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et membre du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES). Sa présentation aura pour titre :

"De la théologie de la libération à la « philanthropie basée sur la confiance » : l’itinéraire d’une fondation atypique"

Résumé : Les travaux sur la philanthropie mettent souvent l’accent sur quelques fondations créées par des élites fortunées, Ford hier ou Gates aujourd’hui, pour saisir les évolutions et problématiques de ce secteur d’activité. Notre communication s’intéresse à l’inverse à une fondation très éloignée de cette philanthropie d’élite, du point de vue des valeurs, de la conception du don, du rôle de la fondation, comme des stratégies de transformation sociale. Créée au début des années 1990 au Québec par une héritière qui a souhaité rester anonyme, épaulée par des catholiques de gauche, cette fondation s’est positionnée comme « un acte de justice, pas de charité », pour répondre les mots de sa fondatrice, en appui des mouvements sociaux. Notre communication reviendra sur la manière dont cet idéal s’est incarné dans les décennies qui ont suivi, au gré d’évolutions importantes. Que financer ? Comment ? Où placer le capital ? Faut-il prendre la parole dans les débats publics ? Avec quelle légitimité, quelle expertise et quelle posture ? Quel rapport à l’État ? Quelle relation aux associations financés ? Quand disparaître ? Explicitant les interrogations de cette fondation très atypique dans le paysage philanthropique et les réponses qu’elle a formulées à différents moments de son histoire, nous mettrons au jour les dilemmes existentielles des fondations. A l’heure où elles deviennent des actrices de plus en plus importantes du financement de la vie associative, voire politique, ces questions sont des enjeux démocratiques majeurs.